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Un premier webinaire sur l’édition francophone au Maghreb et au Proche-Orient

avril 2021

1er avril 2021

En amont des États généraux du livre en langue française, une série de trois visioconférences sur l’édition francophone a été organisée par le Commissariat général des États généraux du livre en français et l’Institut français, en partenariat avec l'Organisation internationale de la Francophonie et le BIEF. Coup d’envoi avec la présentation de l’édition au Maghreb et au Proche-Orient qui a rassemblé une centaine de professionnels du livre en ligne.


Développer l’accès au livre et à la lecture pour tous les lecteurs francophones, dynamiser les marchés du livre francophone, fédérer ses acteurs et faciliter la circulation des livres dans cet espace, tels sont les principaux objectifs des États généraux qui se tiendront à Tunis, les 23 et 24 septembre 2021. "Un grand évènement multilatéral et fédérateur de la Francophonie", explique Sylvie Marcé, commissaire générale des États généraux du livre en langue française dans le monde.


Initié par le ministère de la Culture et mené par l’Institut français, ce projet ambitieux mobilise 22 pays francophones et près de 40 structures professionnelles et institutionnelles dont le BIEF, pour qui cette première table ronde était l’occasion de présenter les résultats d’enquêtes menées auprès des professionnels du livre dans différentes régions de la Francophonie dont le Maghreb et le Proche-Orient.


Des marchés bilingues dont le nombre de publications en français varie fortement


Une première spécificité de ces marchés concerne le bilinguisme, l’arabe étant la langue officielle dans les pays du Maghreb, en Égypte, au Liban et en Syrie avec un taux de locuteurs francophones très variable : plus de 30% au Maroc et en Algérie, 50% en Tunisie, 38% au Liban, 3% en Égypte, 0,5% en Syrie, ce qui impacte la structuration des marchés du livre. Le nombre de publications en français varie assez fortement selon les pays. La production éditoriale, toutes langues confondues, est assurément la plus élevée au Maroc : environ 3 000 titres publiés par an, dont pour les romans 30% en français. En Algérie, les professionnels interrogés estiment que chaque année 1 000 livres sont publiés, dont 60% en français.


Une caractéristique de ces marchés concerne le relatif cloisonnement entre les langues et les acteurs. Ainsi, au Maghreb, un livre existe le plus souvent en une seule langue et la publication en parallèle d’une version française et arabe du même titre est assez rare. S’agissant des librairies, la situation varie selon les pays : elles sont souvent bilingues en Tunisie et en Algérie, essentiellement unilingues au Maroc, alors qu’il n’est pas rare de trouver des livres en arabe, français et anglais dans des librairies au Liban. Étant le plus grand marché francophone au Proche-Orient, le Liban occupe une place singulière dans son rôle de passerelle entre les langues.


Le livre en français provient pour une grande partie des importations de France


Le nombre d’importations de livres français varie d’un pays à l’autre. Au Liban le niveau des importations de livres français, tout comme l’existence d’une production en langue française, s’explique d’abord par l’importance de la francophonie et la place de la langue française, notamment dans le système scolaire privé. En Égypte comme en Syrie, en revanche, le faible nombre de francophones ne permet pas une production en langue française. D’après les chiffres de la Centrale de l’édition, on observe plutôt une tendance à la baisse du chiffre d’affaires lié aux exportations des éditeurs français vers l’Égypte et la Syrie (1,3 million d’euros en 2019 en Égypte alors qu’il était de 2,5 millions en 2000). Concernant les quatre pays du Maghreb, les importations en provenance de la France sont très importantes puisqu’elles représentent plus de 32 millions d’euros (2018). Mais on observe une diminution depuis une dizaine d’années, exception faite du Maroc. 


Une circulation des livres difficile entre les pays francophones de la région


Une deuxième spécificité de ces marchés concerne les échanges, avec une circulation du livre assez compliquée dans le Maghreb et au Proche-Orient, ce dont ont témoigné Christiane Choueiri, fondatrice des éditions La Phénicie au Liban et Agnès Debiage, cofondatrice de AILF et ancienne libraire en Égypte. "Dans le sens de la France vers les pays du Sud, tout est clair dans la mesure où les flux sont très bien organisés à travers le groupage coordonné par la Centrale de l’édition et pour lesquels il y a une aide à l’exportation du livre français du ministère de la Culture français. La situation est très compliquée, en revanche, entre les pays francophones du Maghreb et avec le Proche-Orient", explique Agnès Debiage. Si cela est dû notamment à la fermeture de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, il y a également les coûts de transport entre les pays du Maghreb et le Proche-Orient, souvent très élevés, qui bloquent la circulation. L’échange se fait plus facilement lors des foires du livre au Maghreb et au Proche-Orient qui sont des évènements populaires, permettant de toucher un public très large (1 million de visiteurs en Algérie, 2,5 millions en Égypte). Y sont présentés à la fois des livres locaux et des livres importés des pays européens et arabes souvent peu présents en librairie.


"Lorsque nous souhaitons importer des livres du Québec, de Suisse ou de Belgique nous passons toujours par un distributeur français car c’est plus facile pour centraliser nos commandes, pour faire le dédouanement et pour payer le transport, précise de son côté Christiane Choueiri. L’importation des livres en langue française coûte ainsi moins chère même si les libraires francophones ne bénéficient pas de la même remise que lorsqu’ils travaillent directement avec un éditeur ou un distributeur du pays même. Concernant la circulation des livres entre le Liban et d’autres pays francophones de la région, les libraires libanais ont beaucoup de contacts directs avec la Syrie et Dubaï, notamment à travers les parents d’élèves d’écoles françaises, qui soit achètent leurs livres directement dans les librairies libanaises soit passent leurs commandes par téléphone ou WhatsApp et envoient des taxis pour les récupérer. Certains éditeurs libanais passent également par les distributeurs français pour faciliter la vente de leur production dans le monde", explique Christiane Choueiri.


D'autres outils d’information sur les marchés francophones du livre ont été présentés lors de cette première table ronde : une nouvelle plateforme numérique des acteurs du livre en langue française dans le monde, réalisée par l’OIF et présentée par Alexandre Wolff, responsable de l’Observatoire de la langue française au sein de l’OIF ; des études économiques du livre en langue française en 2020, 2030 et 2050, réalisées par la société de conseil BearingPoint.


En savoir plus : 

=> (Re)voir la table ronde Maghreb et Proche-Orient, Institut français

=> Télécharger la fiche réalisée par le BIEF sur le marché du livre en langue française au Maghreb

=> Télécharger la fiche réalisée par le BIEF sur le marché du livre en langue française au Proche-Orient


Katja Petrovic, Clémence Thierry, Pierre Myszkowski

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