11 février - 16 avril 2021
Le programme Goldschmidt destiné aux jeunes traducteurs littéraires allemands, français et suisses, coorganisé par le BIEF, la Foire du livre de Francfort et Pro Helvetia s’est tenu dans un format hybride en ligne et en présentiel. Une expérience encourageante dans ce contexte de crise qui impacte le travail des traducteurs, le nombre de traductions ayant considérablement baissé depuis le début de la pandémie.
Organiser trois semaines d’atelier de traduction en ligne n’était pas chose facile. Transposer sur Zoom ce travail en groupe et en tandem dont la richesse et l’efficacité reposent sur l’échange humain, était-ce une bonne idée ? L’expérience du Goldschmidt 2021 a montré que oui, même si les échanges étaient parfois plus compliqués et les séances de travail réduites. Mais au final, participants et organisateurs étaient satisfaits d’avoir maintenu le programme malgré ces difficultés.
Après un premier atelier de traduction en ligne, suite à la fermeture temporaire du Literarisches Colloquium Berlin, partenaire de longue date du programme, le deuxième atelier a pu se tenir en présentiel au CITL à Arles. Trois semaines de presque normalité ont permis un travail intense sur des textes à la fois différents et proches. Du côté français, l’intérêt des participants s’est davantage porté sur les premiers romans de jeunes auteurs d’origine étrangère ou multiculturelle, abordant entre autres les questions de discrimination et de racisme, telles Olivia Wenzel (1000 Serpentinen Angst, Fischer Verlag), Hengameh Yaghoobifarah (Ministerium der Träume, Aufbau) ou Ronya Othmann (Die Sommer, Hanser). L’histoire allemande, telle qu’elle a été vécue en RFA (Frank Witzel : Uneigentliche Verzweiflung, Matthes und Seitz, 2019), en RDA et dans une Allemagne réunifiée (Marzahn mon amour - Geschichten einer Fußpflegerin, Katja Oskamp, Hanser Verlag, 2019) est également un sujet qui a intéressé les participants français en 2021. Du côté allemand, plusieurs auteurs francophones ont attiré les traducteurs germanophones à commencer par Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal (Éditions Emmanuelle Collas) ou encore 39 rue de Berne de Max Lobe (Éditions Zoé), tous deux d’origine camerounaise.
Après le travail en atelier, les participants ont rencontré des éditeurs allemands, suisses et français en ligne. L’intérêt de l’Allemagne pour la production française (notamment pour les bandes dessinées et les romans) reste fort malgré la crise. Pour les cessions, ce marché est même devenu le plus important pour les éditeurs français, selon Maylis Vauterin, directrice des droits étrangers chez Stock. Concernant les acquisitions des titres allemands, la situation est plus complexe. La crise a eu un effet sur le nombre de traductions, en diminution, et a amené les éditeurs français à privilégier encore plus les traductions de l’anglais. Il reste donc peu de place pour d’autres langues.
"Mais, l’allemand n’est pas particulièrement peu traduit", précise Jean Mattern, éditeur de littérature étrangère chez Grasset, qui continue de publier des romans germanophones. Autre bonne nouvelle : les éditions Gallmeister, jusqu’ici spécialisées en littérature américaine, ont récemment ouvert leur catalogue à d’autres langues, dont l’allemand. En août, elles publieront leur premier titre allemand, Les Dents de lait d'Helen Bukowski, traduit par Sarah Raquillet et Élisa Crabeil, toutes deux anciennes participantes du programme Goldschmidt.